Le Sud du pays en proie à la famine

Encore appelé KERE dans le vocabulaire Malgache, la famine perdure depuis plusieurs décennies dans certaines régions du grand sud.  Parmi les crises humanitaires les moins médiatisées, celle du Madagascar laisse à désirer

Une grande sécheresse s’est abattue sur le sud de l’ile ces dernières années ce qui a entrainé la destruction d’une bonne partie des cultures. Plusieurs dizaines de personnes sont mortes de faim. Selon l’ONU, « un tiers des personnes vivant dans le sud du pays est en situation grave d’insécurité alimentaire ». Région au climat sec, le grand sud est victime d’un assèchement de sa terre par le vent, un phénomène naturel amplifié par le dérèglement climatique, la déforestation et l’érosion des sols.

Selon les organismes humanitaires, il s’agit de la troisième sècheresse consécutive. Les zones les plus touchées sont : Androy, Anôsy, Atsimo, Ambovombe, Sihanamaro… Les populations sont obligées de creuser la terre pour trouver des tubercules ou elles mangent des laves de criquets, des fruits de cactus, ou des feuilles sauvages. Pour survivre, d’autres familles « mangent aussi des fruits de tamarins mélangés à de l’argile » a expliqué le représentant du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) à Madagascar Moumini Ouédraogo lors d’un communiqué.  Sept cent cinquante mille (750 000) personnes ont bénéficier de l’aide du PAM en distribution de nourriture et d’argent chaque mois. Cette organisation Onusienne a néanmoins besoin de 74 millions de dollars pour les six prochains mois afin de venir à la rescousse de ces vies et éviter une catastrophe.

Selon une analyse de la sécurité alimentaire, plus de cent trente-cinq mille (135 000) enfants de moins de 5 ans pourrait souffrir de malnutrition aigue dans ces régions. Une récente évaluation du ministère Malgache de santé révèle un taux global de 16,5% de malnutrition aigue chez les enfants de moins de cinq ans ces derniers mois. Un taux très alarmant.

Les déplacements entres régions sont très limité en raison des mesures de restrictions liées à la pandémie du coronavirus ce qui ne facilite pas vraiment la situation de famine qui prévalait dans le Sud du pays.

Le gouvernement et ses partenaires humanitaires ont lancé il y a de cela quelques mois un appel d’urgence d’un montant de 76 millions de dollars pour aider plus d’un million de personnes. Afin d’appuyer les interventions d’aide des populations qui font face à des besoins humanitaires énormes en matière d’alimentation, de nutrition, d’eau, d’assainissement et d’assistance avait déclaré le porte-parole de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu (OCHA) Jens Laerke lors d’un point de presse à Genève.

Par Anne HOUESSIN